Comme il finissait cette phrase, les arbres, rochers, fourmis, crottes de chèvre, les brisures dans les pierres commencèrent à perdre leur rêche, leur crevassé, leur qualité de galopeurs, à s'adoucir, à faire mine de dégringoler doucement dans le fonds du ravin sous la route, comme si, à la vérité, tout cet environnement lui-même attendait que se manifestât Le Vert, et qu'il fût relâché de sa captivité, mais ignorait comment s'y prendre dans la préparation de l'accueil d'un être si désiré et ne cherchait plus rien d'autre qu'à essayer, avec quel résultat, peu importait. Il était très manifeste que jamais cet endroit appelé Lattache n'avait existé comme à cet instant, et c'est précisément la raison pour laquelle il est digne, ayant été transcrit, d'être confié à la lecture, afin de montrer d'abord le projectionniste qui se lève à côté de Salomon Mahoud, rassassié près de son sac, abandonné, attendant Le Vert, Salomon Mahoud indiquant sur le sol une écharpe violette à triangles de fil blanc, plus loin la haie en croisillons de branche entre les arbres, où les chèvres étaient attachées pendant la traite, un rocher en forme de sphère enfoncée dans le sol, un jerrycan découpé et rempli d'eau croupie, et entre les deux, une porte, annonciatrice de malheur.