Papa, ptèrote au cœur, de ces marginaux qui continuent de regretter la nation qu'ils disent avoir rejetée par suite d'un choix longuement mûri, n'avait jusqu'à ce jour cessé de se dire : "Regarde le piborgne, inutile bonhomme, ne l'oublie pas, c'est par là que tu sers Ptère". Il voulait à toute force gagner son pain à la sueur de ses yeux, et que cela le pique et que l'animal se brouille à force d'être regardé, jusqu'à n'être plus qu'un rêve. Mais au bout de cinq minutes, lorsqu'il avait réellement les yeux qui fatiguaient, il s'était plus d'une fois écarté, il était parti faire autre chose. Quelle honte ! Et se disait aussitôt : "Ce n'est pas avec des types comme toi que Ptère est protégée". À lui comme à ceux qu'il entendait en imagination, toute sa vie passée à apprendre tout ce que Ptère a de bon lui semblaient affreusement inutiles, coûteuses, imméritées.
Ores, ce jour, il avait décidé que cela devait finir. Il avait pris son baluchon, l’avait jeté dans son panier, et il avait regardé un peu, avant de mettre le tout à l'épaule, la carte qui indiquait les chemins de traverse pour rentrer à Ptère – sans prévenir personne.
Alors il prit ses cliques, ses claques, ses écrevisses, crac, clisse, frichti, poutchi, pac, il prit ses pensées inabouties, et il crut bon de partir pour Ptère, everybody goes there, c'tait une maladie de région, c'tait une maladie de saison, il prit ce qu'il fallait, il oublia ce qu'y fallait pas, puisque le piborgne allait à Ptère, puisque tout le monde goes there, Papa passa son habit noir, il mit son chapeau, il mit son manteau, il mit ses deux yeux de voyages, gros comme des abricots, il se dit : "Je rentre chez moi !", il se sentait de bons sens, il se sentait de malefaçon, et ce qui ne tenait pas un instant avant, ce qui cassait la tête avant, par cette décision à un bout ne faisait plus mal du tout, et ce qui était pécher, et ce qui était trébucher, devint la route sur laquelle il allait courir allonger son avenir.